31 Août : Saint Julien d'Arpaon - Florac - Loz'air nature 18,6 kms

Aujourd'hui c'est étape de récupération. Dans un premier temps, 10 kilomètres pour aller à  Florac sur un chemin agréable dans les bois sans beaucoup de dénivelé. 

Florac est au carrefour de la pierre et de l'eau, à la jonction de trois univers géologiques,  schiste des Cévennes, granit du mont Lozère et calcaire des Causses, mais aussi à la confluence de quatre cours d'eau, Tarn, Tarnon, Mimente et résurgence vauclusienne du Pêcher. En 1560 est fondée la première communauté de l'église protestante. Florac se retrouve au cœur des guerres de religion. Aujourd'hui encore,  la présence protestante est très marquée et l'existence de nombreux  temples à côté des édifices catholiques,  en témoigne. 

La deuxième partie de l'étape  de 8 kilomètres me fait longer le Tarn jusqu'à ma destination finale, un camping nature lui même au bord de la rivière. C'est la fin de la saison estivale et je suis seul dans un studio. Pas de demi-pension, ce sera donc pâtes à  la Bolognaise... 

Demain je dois retraverser le Tarn pour rejoindre le chemin d'Urbain V. Deux solutions: le pont le plus proche ou la traversée à pied de la rivière ce qui me fera gagner beaucoup de temps. Mon hôte me conseille cette deuxième solution mais  j'hésite... affaire à suivre. 

30 août : Saint Germain de Calberte - Saint Julien d'Arpaon 25 kms

Après une vingtaine d'années de voyage dans plus de 20 pays,  Shirine Afrouz, artiste d'origine iranienne s'est installée quatorze ans sur la commune de Saint Germain de Calberte  (1983 - 2003). Fascinée par le travail de la pierre effectué par les habitants des Cévennes et leur apport à la nature,  elle choisit de leur dédier une œuvre d'art qui symbolise leurs efforts pour vivre dans la région. 

Et ce n'est pas toujours facile en particulier pour le maintien d'un service public de qualité  en milieu rural.

Ce matin je suis à  nouveau sur le chemin de Stevenson mais dans le sens contraire du parcours.  Du coup, je vais croiser toute la journée ma route avec des randonneurs rencontrés les jours  précédents! J'apprécie beaucoup ces brefs moments de retrouvailles en particulier avec Corinne et Gilles. En revanche, pas de nouvelles de nos amis Nantais Anne-Gaëlle et Emmanuel. Sans doute sont-ils moins loin sur le chemin.. .

Le parcours se déroule essentiellement dans la forêt, d'abord par une longue montée suivie d'une non moins longue descente.

Arrivé à  l'ancienne gare de Cassagnas transformée en hôtel-restaurant, le chemin va emprunter pendant 8 kilomètres le tracé de l'ancienne voie ferrée jusqu'au terme de l'étape  à  Saint Julien d'Arpaon.

 

Ce tracé  suit le cours de la "Mimente" un affluent du Tarnon et un sous-affluent de la Garonne. Née dans la montagne du Bougès, cette rivière dont les fluctuations saisonnières de débit  sont très marquées, suit un long sillon encaissé dans  des schistes déchiquetés. Cette vallée très  sauvage est très impressionnante par sa profondeur et sa largeur pour une petite rivière qui peut devenir énorme notamment lors des pluies diluviennes que peut produire ce qu'on appelle  l'épisode Cévenol.

En cette période de sécheresse , il ne subsiste qu'un mince filet d'eau. 

L'arrivée à  Saint Julien d'Arpaon est matérialisée par les ruines de l'ancien château. 

29 août : Saint Privat de Vallongues - Saint Germain de Calberte 17,2 kms

Né à  Grizac en 1310, Guillaume de Grimoard devient pape en 1362 sous le nom d'Urbain V. Il a suscité la création de nombreux édifices religieux. Un chemin de grande randonnée a été créé en son honneur (GR 670) reliant Nasbinals dans l'Aubrac à Avignon, réunissant les lieux marquants de sa vie, notamment Mende où il a fait édifier la cathédrale, Quezac où il a fait élever la collégiale, Avignon où il fut pape, entre autres. C'est ce chemin que j'emprunte aujourd'hui avant de le quitter provisoirement pour retourner sur le chemin de Stevenson.

Je suis toute la journée sur des crêtes arborėes notamment de châtaigners ou de petits buissons de genêts... Les sommets des Cévennes se dévoilent en permanence à  l'horizon et c'est d'une grande beauté. Parfois, j'entends le ronronnement d'un hélico de la protection civile qui surveille cet écosystème si sensible au feu du fait de la sécheresse et de la chaleur.

Le midi, je discute avec Michel, un vieux Cévenol qui a eu la gentillesse de m'ouvrir sa porte d'un vieux bistrot qui fonctionne de façon très sporadique. Il m'explique qu'il existait auparavant un gîte voisin qui accueillait les randonneurs,  Michel et son épouse faisaient resto dans cette maison cévenole typique. Le gîte est fermé depuis 10 ans et  donc plus de resto. Du coup, je mange de la terrine de canard  qui traîne dans mon sac depuis plusieurs jours.

Plus tard, je traverse 2 vallées très encaissées de petits cours d'eau avant d'arriver au terme de mon étape.

 Surprise au gîte,  il y a une piscine! J'en profite dans une eau chaude et avec une vue imprenable. Le soir nous sommes 8 à partager le repas de notre hôtesse qui a préparé une succulente omelette aux cèpes. 

28 Août : Le Pont de Montvert - Saint Privat de Vallongues 21,6 Kms

La côte pour quitter Le Pont de Montvert est rude pour des muscles encore endormis mais le paysage, toujours aussi beau,  me fait vite oublier ce petit détail. 

Peu à  peu, la vue du village s'estompe et je retrouve ces gros blocs de granit dont certains peuvent faire penser aux "demoiselles coiffées ". 

La descente est agréable dans les bois et les fougères et j'attaque la montée vers la crête du Bougès à l'altitude de 1300 mètres. Là, s'élève une stèle à la mémoire de l'Alsacien Raymond Senn qui a créé le GR  68 et balisé pendant 20 ans les chemins, parcourant sans relâche les drailles (sentiers de transhumance ). C'est ici, à la croisée des chemins, que je quitte provisoirement le chemin de Stevenson pour rejoindre le chemin d'Urbain V. Merci à mes compagnons de voyage du Stevenson pour les bons moments passés ensemble. Peut-être  nous croiseront nous plus tard. ..

Je poursuis ma route sur de  larges chemins forestiers propices à  l'exploitation du bois avant d'attaquer la montée vers le signal de Ventalon à  l'altitude de 1350 mètres. 

 L'effort est récompensé par une vue splendide à  360 degrés sur l'ensemble des Cévennes et au delà jusqu'au mont Ventoux ou la Méditerranée. 

..Les choses se gâtent dans une descente pentue et très caillouteuse (pire que celle d'hier) .

J'arrive enfin à  mon gîte "Las Fustiers" à  La Lauze. Situé en pleine montagne, cet endroit bénéficie d'un emplacement exceptionnel juste en face des "dents des Cévennes " versant prisé des photographes amateurs et professionnels pour la lumière qui sculpte les nombreuses petites crêtes. 

Mes hôtes (Brigitte et Loïc ) sont très gentils et avides de faire partager leur passion pour ces Cévennes pour lesquelles ils ont changé  leur vie récemment.  Il faut dire que notre hôte  a des attaches ancestrales ici . Son grand-père l'appelait le "petit fustier" ce qui veut dire le petit charpentier en occitan, d'où le nom du gite. La maison est très typique, les prestations sont de qualité et on y mange très bien! 

Cette étape à été la plus exigeante depuis mon départ pour cause de dénivelé et de chaleur.  Si je suis arrivé bien fatigué,  la soirée et la nuit m'ont bien requinqué et le soleil matinal sur la montagne augure bien de cette nouvelle journée.